Livraison de colis : comment faire face à la variabilité croissante des volumes ?
- 31 juillet 2025
- 7 mins
Dans un contexte où les volumes de colis livrés évoluent de façon toujours plus imprévisible, les acteurs de la livraison doivent constamment s’adapter pour gérer cette variabilité croissante. Cette instabilité pèse sur la performance des réseaux, complexifie la planification des tournées et impacte la qualité du service.
Alors, comment faire face efficacement à ces fluctuations, tout en optimisant les coûts et les délais ? Cet article revient sur les défis liés à cette dynamique, et présente des approches innovantes pour structurer et piloter la livraison de colis face à ces nouvelles contraintes.
Des volumes de colis toujours plus instables : un défi structurel pour les réseaux de livraison
Depuis la crise du Covid, les réseaux de livraison de colis sont soumis à une variabilité de volumes sans précédent, tant en intensité qu’en fréquence. La pandémie a brutalement mis en évidence les limites des organisations existantes. Conçues pour traiter des flux relativement stables, elles se sont retrouvées en difficulté pour absorber les variations rapides et imprévisibles de la demande.
Aujourd’hui, la montée en puissance du e-commerce B2C aggrave cette instabilité. Contrairement aux flux B2B, plus concentrés et réguliers, les livraisons B2C sont géographiquement dispersées et difficiles à prévoir. Le phénomène est global : le volume de colis expédiés dans le monde devrait atteindre 217 milliards d’ici 2025, contre 185 milliards en 2023, soit une croissance de +17 % en seulement deux ans, selon une étude de Pitney Bowes.
Dans ce contexte, les réseaux de transport font face à plusieurs défis majeurs :
- Pénurie de main-d’œuvre : 62 % des responsables supply chain placent ce sujet parmi leurs priorités opérationnelles immédiates selon une étude de KPMG.
- Échec de livraison à la première tentative : 1 colis sur 10 n’arrive pas du premier coup, souvent à cause de données d’adresses inexactes ou incomplètes selon une étude de Loqate.
- Exigences de rapidité croissantes : Le marché mondial de la livraison le jour même devrait croître de 11,45 % par an entre 2025 et 2030, passant de 32,4 à 54,8 milliards USD selon Mordor Intelligence.
- Objectifs climatiques ambitieux : l’Union européenne vise une réduction de 55 % des émissions d’ici 2030, une contrainte qui impose de revoir les modèles de distribution.
Face à cette instabilité, les outils classiques de planification de tournées peinent à suivre. Ils ont été conçus pour des volumes relativement constants, des équipes stables, et des contraintes uniformes. Or, la logistique du dernier kilomètre est désormais un problème mouvant, qui demande une agilité nouvelle dans la structuration des territoires de livraison.
Entre gestion artisanale et transformation digitale inaboutie
Malgré les évolutions technologiques du secteur, une partie significative des acteurs de la livraison de colis continue à organiser ses tournées… à la main. Papier-crayon ou fichiers Excel : ces outils rudimentaires sont encore largement utilisés dans certaines organisations. Ces méthodes prennent du temps, mobilisent beaucoup de ressources humaines, et surtout, laissent peu de place à l’optimisation.
D’autres entreprises ont entamé une digitalisation de leurs opérations, mais peinent à en récolter les fruits. Les outils en place ne tiennent pas compte de certaines contraintes du terrain ; les tournées se recoupent, des zones sont mal équilibrées, et l’organisation reste peu agile face aux imprévus. En réalité, avoir des données ne suffit pas : encore faut-il les exploiter de manière pertinente au quotidien.
La transition d’un fonctionnement manuel vers une organisation pilotée par les données ne se limite pas à l’adoption d’un logiciel. C’est une transformation plus profonde, qui touche à la culture de l’entreprise et aux pratiques métiers. Les équipes doivent apprendre à faire confiance aux chiffres autant qu’à leur expérience terrain, à accepter que l’intuition cède parfois la place à la rigueur algorithmique.
Ce changement demande de la méthode, une vision claire, du temps… et une volonté réelle d’impliquer les équipes. C’est à cette condition que la digitalisation devient un levier d’efficacité durable, et non une source de complexité supplémentaire.
La solution : mieux sectoriser pour mieux livrer
C’est dans ce contexte complexe que Kardinal, expert reconnu de l’optimisation du dernier kilomètre, propose une approche innovante avec sa solution Territory Analytics & Optimization (TAO). En combinant la puissance du calcul algorithmique à une compréhension fine des réalités opérationnelles, TAO permet aux logisticiens de mieux faire face à la variabilité des volumes.
Trouver le bon équilibre entre performance et résilience
La sectorisation constitue le socle de toute organisation logistique en livraison de colis.
Dans les réseaux de messagerie, chaque chauffeur se voit attribuer un secteur ou une tournée. En théorie, une organisation entièrement dynamique, où les secteurs changent chaque jour, pourrait sembler optimale. Mais en pratique, ce modèle reste difficile à appliquer : les colis arrivent très tôt le matin, les chauffeurs partent rapidement pour éviter les embouteillages, et le tri doit être effectué efficacement. Dans ce contexte, les chauffeurs doivent pouvoir s’orienter sans perte de temps, ce qui rend indispensable un minimum de stabilité dans l’organisation des tournées.
La sectorisation apporte justement ce cadre structurant. Elle permet de stabiliser les processus tout en absorbant les fluctuations de volumes. Cependant, elle est difficile à optimiser manuellement. Réduire le nombre de secteurs permet de limiter les kilomètres parcourus et les ressources engagées. Mais des secteurs trop grands deviennent rapidement ingérables si les volumes augmentent brutalement.
C’est là que réside tout l’enjeu : trouver le bon compromis entre performance économique et résilience opérationnelle. C’est exactement ce que permet la sectorisation optimisée avec TAO.
Structurer durablement le territoire grâce aux “cellules”
L’approche de Kardinal repose sur la création de cellules, unités géographiques homogènes définies à partir d’une analyse fine du territoire et des données de livraison sur un historique de quelques mois. Ces cellules intègrent les spécificités propres à chaque agence : volume ou temps de travail maximal/minimal, typologie des clients (B2B/B2C), présence de consignes automatiques ou de points relais, etc.
Une fois les cellules définies, TAO les agrège pour former des secteurs équilibrés, capables d’absorber les variations de volumes sans dégrader la performance. Cette structuration offre un cadre stable, tout en laissant la souplesse nécessaire aux ajustements du quotidien.
En effet, lorsque les volumes fluctuent, des ajustements sont souvent nécessaires : déplacer un colis d’une tournée vers une autre, faire appel à un chauffeur d’urgence, etc. Ces ajustements de dernière minute, appelés ad hoc, génèrent des surcoûts, allongent les délais, et augmentent les risques d’erreurs ou de colis non livrés.
Avec une sectorisation mal conçue, ces ad hoc deviennent la norme : nous avons observé des agences où plus de 50 % des tournées devaient être réajustées chaque jour. Grâce à la solution TAO de Kardinal, ces ajustements peuvent être réduits d’au moins 20 %, voire presque éliminés dans les cas les plus extrêmes, sans ajouter de tournées, simplement en réorganisant plus intelligemment le territoire.
Simuler des scénarios pour mieux gérer la variabilité
Face aux fluctuations constantes des volumes de colis, il est essentiel d’anticiper comment ces variations impactent l’organisation. TAO permet notamment de simuler le transfert de codes postaux entre agences, une pratique courante pour équilibrer les charges et optimiser les ressources.
En modélisant ces transferts, la solution évalue précisément les conséquences sur les volumes à traiter dans chaque secteur, l’impact sur les distances parcourues et la charge de travail des chauffeurs. Cela aide à prendre des décisions éclairées pour adapter la sectorisation et maintenir la performance opérationnelle malgré les changements.
Par ailleurs, TAO intègre aussi l’optimisation autour des réseaux de points de retrait (PUDO) et des consignes automatiques, en simulant la redirection de certains colis vers ces solutions alternatives. Ce double regard permet de mesurer les effets économiques et organisationnels de différentes stratégies de distribution.
Étude de cas : Kardinal révolutionne l’organisation du dernier kilomètre chez DPD France
Filiale du groupe GeoPost/DPDgroup, DPD France est l’un des leaders européens de la livraison de colis, avec un réseau de 72 agences assurant plus de 350 000 colis par jour. Depuis 5 ans, DPD France collabore avec Kardinal pour doter ses équipes opérationnelles d’un outil d’aide à la décision moderne, capable de répondre aux enjeux majeurs du dernier kilomètre.
Face à une organisation historiquement basée sur l’intuition et la connaissance terrain, DPD France a souhaité passer à une approche plus modélisée et data-driven. Le défi était d’accompagner 4 000 chauffeurs (internes et sous-traitants) dans un contexte de forte variabilité des volumes et de contraintes opérationnelles complexes.
La solution TAO de Kardinal, conçue par et pour des experts du terrain, a permis :
- La sectorisation dynamique et optimisée des territoires de livraison, avec une réallocation fine des codes postaux entre agences.
- La modélisation de scénarios stratégiques, comme la conversion à une flotte électrique ou la réorganisation des zones sous-traitées.
- L’amélioration des négociations tarifaires grâce à des données précises et partagées entre DPD et ses sous-traitants.
- Une meilleure répartition de la charge de travail entre chauffeurs, réduisant les ajustements d’urgence et améliorant la qualité de service.
Grâce à cet outil, déployé dans 72 agences et utilisé quotidiennement par 145 collaborateurs sur le terrain, DPD France a amélioré la gestion de ses opérations de dernier kilomètre.
Samuel Gangnant, Directeur Général de DPD France, témoigne : « Le premier effet positif de l’implémentation de la solution Kardinal est d’abord l’adhésion des équipes à l’outil, ce qui est extrêmement important. Aujourd’hui, les équipes utilisent l’outil au quotidien pour mieux optimiser leurs tournées sur le terrain. Le deuxième impact positif est l’amélioration des échanges avec les partenaires sous-traitants, qui auparavant étaient basés sur des éléments parfois peu factuels. Aujourd’hui, les éléments de discussion sont extrêmement tangibles et partagés entre nos équipes opérationnelles et les sous-traitants, ce qui facilite la communication et la collaboration. »
Retrouvez plus d’informations sur l’optimisation des livraisons du dernier kilomètre de DPD France grâce à la solution Kardinal.
Une mise en œuvre progressive, pensée pour l'impact terrain
Déployer une solution comme TAO ne se résume pas à un simple projet IT : c’est une démarche stratégique, qui doit s’ancrer dans les réalités opérationnelles du terrain. C’est pourquoi Kardinal propose un processus de mise en œuvre progressif, structuré autour de quatre étapes clés, pour garantir une adoption réussie et des résultats concrets.
1. Tester la solution sur vos propres données (2 semaines)
La première étape consiste à valider les capacités de la solution sur vos données réelles. À partir d’une agence ou d’une région, nous réalisons une première analyse de votre organisation actuelle. Cela permet de démontrer rapidement la valeur ajoutée de la solution sur un périmètre concret, en identifiant des leviers d’optimisation pertinents.
2. Définir vos besoins et vos cas d’usage prioritaires (2 semaines)
En fonction de votre maturité digitale et de vos enjeux spécifiques (saisonnalité, sous-traitance, électrification, etc.), nous co-construisons un périmètre cible et un plan d’action réaliste. L’objectif : identifier les cas d’usage qui apporteront le plus de valeur et cadrer le projet de façon efficace.
3. Évaluer l’impact organisationnel et économique (2 semaines)
Une évaluation complète permet d’analyser les gains potentiels (économies, satisfaction des chauffeurs, performance opérationnelle, etc.) ainsi que les impacts sur votre organisation actuelle. C’est aussi à cette étape que nous itérons avec vos équipes sur le terrain pour nous assurer que la solution est bien adaptée à leurs réalités quotidiennes.
4. Déployer progressivement la solution (2 à 4 mois)
Le déploiement peut se faire par étapes, région par région ou agence par agence, afin de garantir une adoption fluide. Plutôt que de tout changer d’un coup, nous recommandons souvent de commencer par une première zone pilote, puis d’élargir une fois les résultats validés. Une démarche progressive permet aussi de faire monter vos équipes en compétence à chaque étape.
En seulement 6 semaines, vous êtes prêts à déployer l’IA dans la planification de vos opérations.
Nous vous accompagnons à chaque étape pour simplifier le processus, en l’adaptant à votre niveau de maturité technologique. Car une bonne mise en œuvre, c’est avant tout une mise en œuvre bien préparée et pensée pour durer.
Conclusion
Face à la volatilité croissante des volumes de colis et la complexité des réseaux de livraison, il devient indispensable de repenser en profondeur l’organisation du dernier kilomètre. Les limites des approches traditionnelles, qu’elles soient artisanales ou issues de digitalisations incomplètes, montrent aujourd’hui la nécessité d’adopter des solutions à la fois flexibles, data-driven et ancrées dans la réalité opérationnelle du terrain.
L’exemple de DPD France démontre qu’une sectorisation intelligente, alliée à des outils performants comme TAO, permet non seulement de stabiliser les processus malgré l’instabilité de la demande, mais également d’optimiser durablement les coûts, les ressources et la satisfaction client. Cette démarche structurée, progressive et collaborative, où les collaborateurs sont pleinement impliqués, apparaît comme la clé pour transformer les défis de variabilité en véritables opportunités d’amélioration continue.
Au final, l’avenir de la livraison efficace passe par une alliance entre innovation technologique et expertise métier, au service d’une agilité organisationnelle capable d’absorber et de valoriser les fluctuations du marché. Se doter des bons outils aujourd’hui, c’est préparer son réseau à relever les défis logistiques de demain, tout en garantissant performance et résilience.
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