L’optimisation de tournées à l’épreuve du Covid-19

La crise du COVID-19 qui touche le monde actuellement met à l’épreuve l’ensemble des acteurs de la Supply Chain. En effet, depuis l’effondrement initial de la production chinoise jusqu’aux récentes ruptures de stock dues à une demande inédite, chaque maillon est mis sous tension. Tous les acteurs doivent faire face à un double défi : assurer leur propre survie en s’adaptant à ces nouvelles conditions, mais également celle de la société toute entière dont les moyens de subsistance sont assurés, au quotidien, par la Supply Chain elle-même. Maillon essentiel, le dernier kilomètre est fortement mis à contribution et les outils d’optimisation qui le supportent devront désormais permettre d’assurer la transition vers une logistique plus agile.

optimisation de tournées Covid-19

Quels impacts du Covid-19 sur l’optimisation des tournées ?

Pour fonctionner, l’optimisation de tournées utilise un certain nombre d’informations qui constituent les “données d’entrée” du problème à résoudre :

  • les objectifs de l’optimisation, c’est à dire ce qu’on cherche à optimiser : cela peut être les coûts, la qualité de service, l’impact environnemental, etc,
  • la structure des coûts impactant les tournées (coût horaire, prix du carburant, coût d’usure des véhicules, etc.),
  • les ressources disponibles pour réaliser les opérations : les véhicules et leurs caractéristiques,
  • les données d’activité : les points à livrer, leurs caractéristiques et leurs contraintes,
  • les contraintes organisationnelles et spécifiques à l’entreprise, par exemple : “mes véhicules partent en 2 vagues, une à 5h et une autre à 10h”,
  • des données exogènes telles que le trafic routier ou les contraintes réglementaires concernant la circulation en fonction des zones et du type de véhicule.

 

La crise sanitaire que nous traversons a bien souvent bousculé, quand elle n’a pas balayé, toutes ces notions bien établies.

Pour beaucoup, les objectifs d’optimisation ont changé : pour les transporteurs du dernier kilomètre qui livrent à domicile, il est beaucoup moins crucial de respecter les créneaux de livraison à l’heure du confinement obligatoire. Certains choisiront de relâcher cette contrainte afin de booster l’objectif d’optimisation des ressources et ainsi parer à l’absentéisme d’une partie de leur équipe.

La structure des coûts non plus n’est plus la même : la baisse du prix des carburants, les nouvelles dérogations RH qui s’appliquent au transport (temps de conduite, travail le dimanche), ou encore les frais d’équipement en matériel de protection doivent être pris en compte puisqu’ils impactent les choix des algorithmes d’optimisation.

Confinement oblige : la circulation est devenue quasi-inexistante. En réponse à la situation, le gouvernement a également levé provisoirement certaines interdictions de circulation des véhicules de transport de marchandises de plus de 7,5 tonnes à certaines périodes. Les modèles de trafic et les nouvelles contraintes réglementaires doivent également pouvoir être mises à jour pour que l’optimisation des tournées reste pertinente.

De l’importance d’une solution agile

Le confinement et la fermeture d’un grand nombre de points de vente ont poussé certains acteurs à s’aventurer vers de nouveaux modèles et à adresser de nouvelles cibles pour maintenir leur activité.

De tels changements ne se font pas sans adaptation des process et réorganisation. Cela requiert également de s’adapter à de nouvelles contraintes, propres aux nouveaux clients servis. Ces mutations, même transitoires, nécessitent d’être outillé d’une solution agile et réactive, capable de prendre en compte à la volée de nouvelles contraintes spécifiques à la nouvelle activité tout en maintenant le niveau de performance.

Nous l’avons vu, les changements brutaux engendrés par la crise nécessitent d’avoir la capacité d’agir sur l’optimisation de ses tournées. Plus les changements de modèles dans votre organisation auront été importants, plus la capacité de la solution et de ses algorithmes à s’y adapter devra l’être également. Mais là encore, toutes les organisations ne sont pas logées à la même enseigne…

Certaines, dont l’activité et les clients sont récurrents, avaient l’habitude de travailler avec des tournées fixes, optimisées pour des périodes longues en se basant sur des prévisions incluant les contrats signés pour la période en cours et les variations habituelles de l’activité. Pour ces organisations, l’arrivée du Covid-19 a bien souvent fait voler en éclat la pertinence de la planification prévue. Si ces sociétés ont pu assurer la continuité de leur activité, il est nécessaire d’utiliser la solution d’optimisation pour recalculer des tournées plus adaptées. La difficulté résidera dans le fait d’obtenir un prévisionnel long terme fiable dans un contexte où l’incertitude est devenue la norme.

Une solution à ce problème pourrait être de passer à un fonctionnement “en réaction”, plus court-termiste et plus dynamique, en planifiant au jour le jour l’activité à traiter. Cela implique bien sûr d’être outillé d’une solution d’optimisation de tournées qui le permet (c’est à dire sachant gérer ces différents modes de planification). Nécessitant une grande agilité organisationnelle, ce changement ne sera dans les faits envisagé qu’en cas de forte diminution des volumes. Toutefois, ce sera dans certains cas une excellente piste de réflexion pour l’après-crise.

D’autres organisations planifient déjà de manière très dynamique. C’est le cas des sociétés pour lesquelles l’activité à traiter est volumineuse et n’est connue que peu de temps à l’avance. Si elles sont équipées d’une solution de tournées qui fonctionne déjà de façon dynamique et capable de gérer le temps réel, il sera moins difficile pour elles de s’adapter aux forts aléas qu’implique le nouveau contexte. Il faudra tout de même être en mesure d’ajuster la solution à la nouvelle situation (nouveaux objectifs d’optimisation, structure des coûts, nouvelles réglementations RH et de circulation, etc).

Enfin, certaines organisations utilisent une sectorisation pour gérer leurs opérations et ne se servent de leurs solutions d’optimisation que pour déterminer l’ordre de visite des points au sein d’un secteur géographique (ordonnancement). C’est souvent le cas de la messagerie, l’utilisation d’une sectorisation facilitant l’organisation du tri des colis dans l’entrepôt. Pour les entreprises pour lesquelles la crise sanitaire est synonyme de réduction de volumes, les secteurs ne sont plus pertinents car ils engendrent des tournées peu consistantes. A l’inverse, si l’activité a été boostée par la crise (livraisons à domicile par exemple), les secteurs doivent être réduits pour que les tournées soient réalisables.

Si la solution d’optimisation du dernier kilomètre le permet, une approche possible consiste alors à l’utiliser en mode “simulation” pour redimensionner votre flotte d’une part et redéfinir des secteurs cohérents d’autre part. Cette utilisation du Machine Learning sur un historique court et récent permet d’amener les organisations vers plus de réactivité et d’agilité logistique.

Depuis les débuts de Kardinal, la capacité d’adaptation des experts du dernier kilomètre a toujours été source d’inspiration pour la conception de nos algorithmes d’optimisation. Le défi auquel ils doivent faire face aujourd’hui est de taille, et il est inédit. Bien évidemment, ça sera avant tout sur ces experts que vont reposer les succès de la Supply Chain dans les jours et les semaines à venir. Pour autant, les logiciels d’optimisation de tournées peuvent, et doivent, être un soutien essentiel dans cette période qui met à l’épreuve l’agilité et la résilience de nos organisations.

 

 

Partager