Transport frigorifique de produits alimentaires : un secteur clé aux défis multiples
- 27 août 2024
- 6 mins
Le transport frigorifique de denrées alimentaires est un secteur en pleine croissance, mais qui doit relever de nombreux défis logistiques et réglementaires. Cette activité de transport sous température dirigée de produits périssables est particulièrement complexe, avec des exigences strictes en matière de respect de la chaîne du froid, de traçabilité et de sécurité alimentaire. Les livraisons en zones urbaines denses et les nouvelles réglementations environnementales complexifient davantage les opérations.
Dans cet article, nous aborderons la place clé du transport frigorifique de produits frais dans la société et ses acteurs clés en France. Nous examinerons également les différents défis et contraintes liés à cette activité qui rendent les opérations très complexes.
Le marché du transport frigorifique de produits alimentaires
Quelques chiffres sur le secteur
Le transport frigorifique est un secteur en pleine croissance, avec une progression moyenne de 4% par an depuis 2014. En 2019, le chiffre d’affaires de cette activité s’élevait à 6,4 milliards d’euros, dont 91% généré dans le secteur alimentaire. Selon les prévisions de “Les Échos Études“, le marché du transport de produits alimentaires en température dirigée devrait connaître une croissance annuelle de 1,2% entre 2017 et 2021, et une croissance de plus de 20% d’ici à 2027.
Le secteur des grossistes alimentaires, acteur clé de la chaîne logistique frigorifique, représente un chiffre d’affaires de 120 milliards d’euros, avec 19 000 entreprises et 140 000 employés. Bien que le chiffre d’affaires ait augmenté de 7,5% par rapport à 2022 au dernier trimestre 2023, en raison de l’inflation, les volumes ont diminué. De plus, selon le baromètre du commerce de gros de la CGF de janvier 2024, les grossistes en produits agricoles et alimentaires s’attendent à un début d’année 2024 difficile, malgré la désinflation amorcée.
Un acteur clé de la logistique urbaine
Les grossistes alimentaires jouent un rôle crucial dans la logistique urbaine, contribuant à l’attractivité des centres-villes et des commerces de proximité. Selon les estimations, les grossistes représentent environ 20% des livraisons dans les zones urbaines.
La logistique du froid alimentaire dessert une grande variété de secteurs dans le cadre de la logistique urbaine : cafés-hôtels-restaurants, restauration collective, collectivités (hôpitaux, écoles, prisons, administrations), grande distribution, commerces de proximité, etc.
Les grossistes alimentaires jouent un rôle clé en tant qu’intermédiaires entre les industriels/producteurs et ces différents clients professionnels. Leurs principales fonctions sont de sourcer, sélectionner et acheter les produits, de conseiller leurs clients, mais aussi de massifier les flux en amont et en aval de la chaîne. Ils sont responsables de la chaîne de livraison jusqu’au client final, en garantissant le respect de la chaîne du froid et de la sécurité alimentaire. Enfin, ils assurent la logistique inverse en gérant les retours d’invendus, de consignes et d’emballages. Cette intermédiation logistique leur permet d’optimiser les coûts et la qualité de service pour l’ensemble des maillons de la chaîne d’approvisionnement.
Les acteurs du transport frigorifique de produits alimentaires
Les acteurs spécialisés dans la logistique du froid alimentaire
Parmi, les acteurs spécialisés dans la logistique du froid alimentaire, certains sont des grossistes-distributeurs qui disposent de leurs propres flottes de camions frigorifiques pour approvisionner leurs réseaux de points de vente. D’autres sont des prestataires logistiques dédiés à la livraison de produits frais et surgelés auprès des professionnels de la restauration, de l’hôtellerie ou de la grande distribution.
Dans le marché européen, nous pouvons, par exemple, citer :
- Groupe Pomona est un acteur majeur du transport frigorifique en France, spécialisé dans la distribution de produits frais et surgelés. Avec un réseau de 40 plateformes réparties sur le territoire, le groupe assure des livraisons quotidiennes auprès des grandes et moyennes surfaces.
- Sysco est un géant américain de la distribution alimentaire, présent dans de nombreux pays européens. En France, l’entreprise dispose d’une flotte de camions frigorifiques pour approvisionner les restaurants, hôtels et autres établissements de restauration.
- Metro est un groupe allemand de distribution de gros spécialisé dans l’approvisionnement des professionnels de la restauration et de l’hôtellerie. Avec ses entrepôts réfrigérés et sa flotte de camions frigorifiques, Metro assure la livraison de produits frais dans toute l’Europe.
- Transgourmet est une filiale du groupe suisse Coop, spécialisée dans la distribution de produits alimentaires frais et surgelés aux professionnels de la restauration. L’entreprise dispose d’un vaste réseau logistique avec des entrepôts frigorifiques et une flotte de camions réfrigérés.
- Les grandes enseignes de supermarchés comme Carrefour, Groupe Casino, Franprix, Auchan, E. Leclerc, Système U et Lidl assurent l’approvisionnement de leurs magasins en produits frais et surgelés.
- D’autres acteurs spécialisés tels que Pro à pro, Distriboissons, France Frais, Martin Brower, Vivalya, France Boissons et Creno opèrent également dans le transport frigorifique, desservant principalement les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie.
Enfin, de nombreux petits acteurs, souvent des entreprises familiales, assurent le transport frigorifique de produits alimentaires, notamment ceux qui transitent par le marché de gros de Rungis.
Les transporteurs traditionnels
Les contraintes et les défis du transport de produits frais
Une activité aux contraintes fortes
Le transport de produits frais est une activité particulièrement exigeante, soumise à de nombreuses contraintes. Tout d’abord, le contexte économique difficile et fluctuant représente un défi de taille, avec une baisse des volumes liée à la morosité de la consommation des ménages et une hausse des coûts opérationnels (carburant, main-d’œuvre, etc.) impactant directement les marges. Les transporteurs doivent sans cesse s’adapter et optimiser leurs process pour rester compétitifs.
Ensuite, la logistique du froid est intrinsèquement complexe. Les centres urbains denses, avec leurs problématiques de congestion et de stationnement, compliquent les opérations de livraison. Les horaires contraints, notamment pour les livraisons en magasins, imposent une grande réactivité. Les flux tendus de produits périssables, avec des dates limites de consommation courtes, nécessitent une gestion rigoureuse des stocks et des rotations. La traçabilité est cruciale à toutes les étapes pour garantir la sécurité alimentaire. Enfin, la gestion des flux de retour (invendus, emballages consignés) ajoute une complexité supplémentaire.
Enfin, la demande client est de plus en plus volatile et exigeante. La multiplication des canaux de livraison (magasins, drive, e-commerce) et le développement de nouveaux services (livraison à domicile, click & collect) obligent les transporteurs à s’adapter constamment. La concurrence est rude et les clients n’hésitent pas à changer de prestataire en cas d’insatisfaction.
Des contraintes RSE de plus en plus importantes
Au-delà des défis opérationnels, les acteurs du transport frigorifique doivent également faire face à des contraintes environnementales et sociales de plus en plus strictes, sous la pression des réglementations et des attentes sociétales.
L’émergence des Zones à Faibles Émissions (ZFE), qui limitent l’accès des véhicules les plus polluants dans les centres-villes, représente un défi majeur. Avec plus de 320 ZFE en Europe, dont 12 en France et 30 supplémentaires à venir d’ici 2025, les transporteurs doivent renouveler leur flotte pour éviter les amendes liées au non-respect des normes d’émission. Cela implique des investissements conséquents dans des véhicules plus propres (électriques, GNV, etc.).
Par ailleurs, l’électrification de la flotte est devenue une nécessité, avec des objectifs de réduction des émissions de CO2 imposés par l’Union Européenne pour les poids lourds (-15% en 2025 puis -30% en 2030) et les véhicules utilitaires légers (-15% d’ici 2025 et -37,5% d’ici 2030). Cette transition vers des motorisations alternatives représente un défi technologique et financier important pour les transporteurs. Cependant, elle répond également à la demande croissante des consommateurs pour des livraisons plus propres et plus respectueuses de l’environnement.
Enfin, la plateforme numérique gouvernementale Mobilic, qui oblige les employeurs à enregistrer le temps de travail de leurs salariés dans le transport routier léger, représente une contrainte supplémentaire pour les acteurs du secteur. Cette réglementation vise à lutter contre les abus en matière de temps de travail et de rémunération, mais implique une charge administrative et des coûts supplémentaires pour les entreprises.
Les défis de la logistique du froid
Les grossistes alimentaires, acteurs clés de la chaîne logistique frigorifique, doivent relever plusieurs défis spécifiques liés à leur activité de distribution en gros.
Tout d’abord, ils doivent massifier les approvisionnements en amont auprès des producteurs et des industriels, afin de bénéficier d’économies d’échelle et d’optimiser les coûts logistiques. Cela implique une gestion rigoureuse des stocks et des flux, ainsi que des investissements dans des entrepôts frigorifiques de grande capacité.
Ensuite, les grossistes doivent mutualiser les flux aval vers leurs clients (commerces de détail, restaurateurs, etc.), notamment via le cross-docking pour les denrées périssables. Cette technique permet de réduire les temps de stockage et les manipulations, tout en optimisant les tournées de livraison.
Un autre défi majeur est l’optimisation de la livraison au client final, avec des contraintes de délais, de créneaux horaires, de zones de livraison, etc. Les grossistes doivent sans cesse améliorer leurs process logistiques pour garantir un service de qualité à leurs clients.
Parallèlement, ils doivent assurer la logistique de retour des invendus, des emballages consignés, etc. Cette logistique inverse est complexe et coûteuse, mais indispensable pour limiter le gaspillage alimentaire et respecter les réglementations.
Enfin, le respect de la chaîne du froid et la traçabilité des produits à toutes les étapes sont des impératifs incontournables pour garantir la sécurité alimentaire et la qualité des produits frais. Cela nécessite des investissements dans des équipements frigorifiques performants, une formation rigoureuse des équipes et des systèmes de suivi et de contrôle robustes.
Ces défis logistiques sont au cœur de l’activité des grossistes alimentaires et conditionnent leur capacité à approvisionner efficacement les commerces de détail et la restauration, tout en respectant les exigences réglementaires et les attentes des consommateurs.
Le transport frigorifique de produits alimentaires est un secteur clé de l’économie, confronté à de nombreux défis logistiques et réglementaires malgré sa croissance soutenue. Les exigences strictes de la chaîne du froid, la complexité de la logistique urbaine et les nouvelles réglementations environnementales et sociales imposent aux acteurs d’optimiser constamment leurs opérations. Pour rester compétitifs sur ce marché très disputé, ils doivent relever le défi de répondre aux attentes élevées des consommateurs en termes de qualité, traçabilité et développement durable, tout en maîtrisant leurs coûts. Des éditeurs de logiciels innovant comme Hub One et Kardinal peuvent les aider à optimiser leurs processus logistiques et leur gestion du transport.
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