Livraison écologique du dernier kilomètre : La livraison hors domicile est-elle la solution ?
- 8 janvier 2024
- 4 mins
Lorsque nous évaluons l’impact environnemental d’une livraison, le dernier kilomètre est un maillon essentiel à considérer. Il est impératif d’analyser comment nous livrons des colis jusqu’à leur destination finale, car cela peut avoir des conséquences significatives sur notre empreinte écologique. C’est dans ce contexte que la livraison hors domicile est devenue un sujet de préoccupation croissant. Les entreprises cherchent activement des solutions plus respectueuses de l’environnement pour répondre aux demandes des consommateurs tout en minimisant leur impact sur la planète.
Dans cet article, nous explorerons en profondeur la question de la durabilité de la livraison hors domicile. Nous étudierons les différentes facettes de cette question cruciale et évaluerons dans quelle mesure la livraison hors domicile peut contribuer à un avenir plus vert et plus durable pour la logistique du dernier kilomètre.
Qu’est-ce que la livraison hors domicile ?
La livraison hors domicile, souvent abrégée en OOH, est une méthode de livraison innovante qui révolutionne la manière dont les colis et les marchandises parviennent aux consommateurs. Contrairement à la livraison traditionnelle à domicile, où les colis sont déposés directement chez le destinataire, la livraison hors domicile implique de déposer les marchandises dans un endroit ou une machine pratique pour le client, mais en dehors de leur résidence. Cette approche offre une plus grande flexibilité aux destinataires, leur permettant de récupérer leurs colis à un moment qui leur convient, que ce soit en chemin pour faire des courses, en rentrant du travail par exemple.
Les options de livraison hors domicile incluent notamment les casiers/consignes automatiques, également appelés APM (Automatic Parcel Machines), et les points de collecte et de dépôt/points relais (PUDO, pour Pick-Up and Drop-Off). Cette méthode de livraison présente de nombreux avantages, notamment une efficacité opérationnelle accrue, une réduction des coûts et un impact environnemental potentiellement moindre.
Quel est l'impact écologique du transport routier ?
La livraison du dernier kilomètre, qui correspond à la dernière étape du trajet d’un colis depuis un centre de distribution jusqu’au client final, est particulièrement complexe et coûteuse d’un point de vue environnemental. Cette phase contribue à environ 30% des émissions CO₂ dans le secteur de la logistique, selon le Comité d’analyse stratégique.
Plusieurs facteurs interviennent dans la détermination de l’impact environnemental de la logistique du dernier kilomètre. Parmi ces facteurs figurent le type de véhicules utilisés pour les livraisons, le taux de remplissage de ces véhicules, le nombre d’arrêts nécessaires pour servir tous les clients, ainsi que le taux de retours de produits. Les retours de produits, par exemple, peuvent atteindre jusqu’à 10% à 30% dans certains secteurs comme celui du textile, entraînant des transports et des émissions supplémentaires.
La livraison à domicile est très populaire dans toute l’Europe, avec 79% de tous les répondants préférant ce type de livraison, selon une enquête de YouGov Deutschland GmbH en 2021, qui a rassemblé 8 602 participants de plusieurs pays européens. Cependant, cette commodité a un coût environnemental, car elle nécessite souvent la livraison d’un seul colis à chaque arrêt.
Dans l’Union européenne (UE), où le transport routier est omniprésent, les défis environnementaux sont importants. Environ un cinquième des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) de l’UE proviennent du transport routier, ce qui souligne la nécessité de solutions plus durables. Il est à noter que presque tous les véhicules lourds de l’UE fonctionnent avec des moteurs à combustion interne (diesel, pétrole), et les véhicules utilitaires légers diesel représentent la majorité des véhicules nouvellement immatriculés. Ces véhicules émettent du dioxyde de carbone (CO₂) et contribuent ainsi aux émissions de gaz à effet de serre, ce qui a un impact négatif sur le climat.
Pour réduire l’impact environnemental de la livraison du dernier kilomètre, des solutions alternatives sont explorées. Cela inclut l’utilisation de véhicules électriques, le regroupement des livraisons pour optimiser les tournées, l’expérimentation de modes de livraison plus durables tels que la livraison à vélo, et l’utilisation de points de collecte et de consignes automatiques.
La livraison hors domicile permet t-elle de réduire l'impact écologique d'une livraison ?
La livraison hors domicile offre un potentiel considérable pour réduire l’empreinte carbone des livraisons. Contrairement à la livraison à domicile, qui implique l’arrêt à chaque adresse, la livraison hors domicile regroupe plusieurs colis en un seul lieu de collecte, tel qu’un point relais ou une consigne automatique. Cette consolidation des livraisons permet de réduire le nombre de trajets nécessaires, minimisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre associées à la circulation routière.
Avec un taux d’échec entre 2% et 10% lors du premier passage, la livraison à domicile nécessite souvent la programmation d’une nouvelle le lendemain ou quelques jours plus tard. Sans compter les coûts supplémentaires et l’insatisfaction du client, cela engendre des émissions de CO2 additionnelles. Ce problème est évité avec la livraison hors domicile qui est réussie lors de la première tentative dans quasiment 100% des cas dans les réseaux optimisés.
Selon le rapport Green Last Mile Europe 2023 de Last Mile Experts, la transition du transport de colis traditionnel vers une livraison hors domicile (OOH) efficace peut entraîner une réduction substantielle des émissions de CO2, jusqu’à deux tiers en milieu urbain et davantage encore en milieu rural. Cependant, il est essentiel de noter que cet avantage environnemental se concrétise pleinement lorsque les destinataires choisissent des modes de déplacement respectueux de l’environnement, tels que la marche, les transports en commun ou le vélo, pour récupérer leurs colis ou combinent le trajet avec d’autres activités prévues.
Des études sur la question de l’impact environnemental de la livraison hors domicile face à la livraison à domicile ont été menées et présentées dans le document “A Greener Last Mile: Analyzing the Carbon Emission Impact of Pickup Points in Last-Mile Parcel Delivery” écrit par Rudy Niemeijer et Paul Buijs en 2023. Le texte présente des statistiques sur le choix du mode de transport des répondants pour se rendre à un point de retrait. Environ 32,8% des trajets vers le point de retrait ont été effectués en voiture, représentant plus de la moitié de la distance totale parcourue (53.5%) par les clients. Les modes de transport respectueux de l’environnement ont été choisis par une proportion significative de répondants (35,1% pour la marche soit 18,2% de la distance totale et 32,2% pour le vélo soit 28,3% de la distance totale), en particulier pour les trajets courts. Il semble y avoir une corrélation entre la distance jusqu’au point de retrait et le choix du mode de transport, avec une préférence marquée pour les modes écologiques pour les courtes distances.
De plus, le texte souligne que le choix du mode de transport varie en fonction de l’urbanisation, avec une utilisation plus fréquente de la voiture dans les zones rurales et une préférence pour la marche et le vélo dans les zones urbaines. Cela peut s’expliquer par le fait qu’en zone urbaine les points de retrait sont généralement plus proches, et il est plus courant de ne pas posséder de voiture personnelle. Le potentiel d’impact positif est donc clairement plus grand dans les environnements urbains.
En revanche, dans une ville où les alternatives de transport sont limitées ou dans des zones périurbaines et rurales, le résultat pourrait ne pas être aussi favorable. Dans de telles situations, les trajets en voiture individuels des clients peuvent entraîner des émissions de gaz à effet de serre plus élevées par rapport à une tournée de livraisons à domicile.
Cela a été constaté lors d’une étude de cas menée aux Pays-Bas où la livraison hors domicile avait un impact positif sur les émissions de CO2 à partir de 90% d’adoption par les clients dans les zones rurales et 50% d’adoption dans les zones suburbaines.
Bien que la livraison hors domicile puisse contribuer de manière significative à la réduction de l’empreinte carbone des livraisons, il est important de noter que son efficacité dépend de plusieurs facteurs, notamment la localisation des points de collecte, l’utilisation de véhicules respectueux de l’environnement, et la volonté des consommateurs de choisir des modes de transport durables pour récupérer leurs colis.
Parallèlement au développement de la livraison hors domicile, les transporteurs convertissent leurs flottes de véhicules à essence ou diesel en véhicules électriques ou vélos cargos, bien plus respectueux de l’environnement. Les réductions des nuisibles (trafic, bruit) restent inchangées, de même que les réductions des coûts opérationnels du transporteur, plaçant la livraison hors domicile comme une alternative prometteuse car elle permet d’optimiser les opérations, de réduire les coûts, d’améliorer l’expérience client et de réduire l’impact environnemental du premier et dernier kilomètre.