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Retour sur la table ronde “Les nouvelles technos au service de la Supply Chain”

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La table ronde de Supply Chain Village sur les nouvelles technos au service de la Supply Chain, animée par Jean-Philippe Guillaume, s’est tenue mercredi 16 juin 2021 en présence de Linda Ameur d’ABBYY, Benjamin de Buttet de DCbrain, Patrick Remords de JLL France et Cédric Hervet de Kardinal.

Retour sur cet échange passionnant visant à apporter un éclairage sur les évolutions induites par les nouvelles technologies qui vont impacter les process, les méthodes mais aussi les formations et les métiers de la Supply Chain.

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Le 16/06/2021, Jean-Philippe Guillaume de Supply Chain Village recevait Linda Ameur d’ABBYY, Benjamin de Buttet de DCbrain, Patrick Remords de JLL France et Cédric Hervet de Kardinal lors de la table ronde « Les nouvelles technos au service de la Supply Chain ».

Depuis quelques d’années, le marché de la Supply Chain est bousculé par l’arrivée de sociétés proposant de nouvelles technologies telles que l’Intelligence Artificielle, l’IoT, la blockchain ou les jumeaux numériques. Les entreprises qui réussissent au sein de ce marché en mouvance perpétuelle sont celles qui savent s’adapter le plus rapidement possible, notamment grâce à l’émergence de ces nouvelles technologies. Comment ces technologies s’invitent-elles dans les organisations Supply Chain et en quoi vont-elles les transformer ?

L'agilité : bénéfice ultime des nouvelles technologies

Le monde de la Supply Chain fait face à de plus en plus de contraintes réglementaires et d’attentes clients, ce qui incite les opérateurs à proposer des services toujours plus qualitatifs, plus rapides et moins chers. En parallèle, ce secteur est peu digitalisé : les budgets informatiques rapportés au chiffre d’affaires sont les plus faibles parmi tous les autres secteurs d’activité. Le défi pour les logisticiens est de passer de processus très manuels, dominés par l’utilisation d’Excel, à des processus beaucoup plus agiles et flexibles, basés sur des technologies modernes.

Les nouvelles technologies permettent d’atteindre l’agilité : plutôt un vœu pieux en Supply Chain qu’une réalité quotidienne. Ces technologies permettent de gagner en productivité dans les entrepôts mais également en réactivité face à des données qui changent tous les jours. Au quotidien, les Supply Chain managers gèrent des projets stratégiques mais doivent également faire face à de nombreux aléas. Aujourd’hui, la technologie les aide à réagir proactivement à ces aléas et à prendre de meilleures décisions stratégiques.

Les nouvelles technologies poursuivent deux principaux objectifs :

  • Automatiser les tâches à faible valeur ajoutée réalisées manuellement.

Cela permet ainsi de libérer du temps aux opérationnels qui vont pouvoir être plus agiles et réactifs face aux imprévus. Beaucoup d’acteurs interviennent tout au long de la chaîne d’approvisionnement (clients, fournisseurs, sous-traitants, services douaniers pour les transports à l’international) et de nombreux documents nécessaires à l’opération de la Supply Chain entrent dans les process. La société ABBYY aide précisément à l’automatisation de la classification de ces documents et la saisie des données dans les systèmes métiers. Cela permet de rendre du temps aux opérationnels : du temps pour réaliser d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée mais également pour traiter ces documents et ainsi, par exemple, éviter les ralentissements à la douane.

  • Aider les opérationnels à prendre de meilleures décisions.

Les solutions mises en place vont permettre d’utiliser les données des systèmes pour donner une représentation exacte des processus et identifier les goulots d’étranglement, les axes d’amélioration ainsi que les technologies répondant à ces problématiques. Grâce à la remontée d’informations pertinentes (par exemple, l’IoT permet de monitorer ce qu’il se passe dans les entrepôts), les opérateurs sont davantage armés pour réfléchir et identifier les meilleurs décisions possibles.

L'automatisation doit s'arrêter là où commence l'intelligence humaine. Lorsqu'on intègre une technologie d'optimisation capable de suggérer des décisions, on peut être tenté de retirer l'humain des process. Cependant, en pratique, la machine ne prend pas toujours de meilleures décisions que l'humain : il est alors crucial de trouver la bonne interaction entre les deux pour une collaboration efficace.

Cédric Hervet, co-fondateur et Chief Product Officer de Kardinal

La data : éternel enjeu des logisticiens

Il n’est pas rare de constater une sous-utilisation des solutions technologiques par les opérateurs. C’est notamment le cas pour les logiciels d’optimisation de tournées qui, malgré les tentatives répétées de grands acteurs du secteur souhaitant implémenter ce type de technique, sont en pratique peu utilisés. Généralement, l’outil d’optimisation sert davantage à réaliser la planification à la main qu’à vraiment exploiter la puissance des algorithmes, les solutions n’étant pas assez matures. Au quotidien, les opérationnels font face à de nombreux aléas dont une forte partie provient de l’inexactitude des données avec lesquelles ils traitent.

Suivre le réalisé et savoir exactement ce qui a été transporté dans un camion individuel sont des informations compliquées à obtenir, encore aujourd’hui. Face à cette digitalisation encore trop peu présente, il est crucial d’adapter ses processus, la façon de gérer la donnée ou de contourner son absence pour pouvoir apporter, in fine, des résultats robustes au client.

Il est important que les logisticiens ne se focalisent pas sur l'accumulation de la data ou sa propreté mais plutôt sur son exploitation au quotidien.

Linda Ameur, Directrice Commerciale France d’ABBYY

Pour travailler avec une donnée imparfaite, il est nécessaire de disposer de systèmes capables de réagir en temps réel aux événements mais également de s’intégrer dans des processus existants.

Dans la solution Kardinal, l'optimisation est continue : elle démarre du premier ordre ou colis qui rentre dans le système et se termine uniquement une fois que la dernière opération a été effectuée. Notre objectif est d'être présent à chaque étape du processus du client, quel qu'il soit.

Cédric Hervet, co-fondateur et Chief Product Officer de Kardinal

Le logisticien corrige ses données au fil de l’eau dans l’algorithme qui continue de suggérer des tournées, que les opérationnels sont libres d’appliquer ou non. Ces derniers connaissent, en effet, mieux la réalité du terrain que la machine et ont dans la tête certaines informations qui n’existent dans aucune base de données (par exemple, un chauffeur a eu une altercation avec un client qui ne souhaite plus être livré par lui). Ne pas prendre en compte ce type de données peut rendre la tournée planifiée irréalisable. Une solution telle que Kardinal est capable de gérer la rigidification des décisions prises sur le terrain. Cette connexion forte entre le système et le terrain permet d’avoir une vision globale et optimisée en continu d’un planning avec lequel l’opérateur va interagir.

Les technologies au service des infrastructures Supply Chain

DCbrain propose à ses clients une optimisation dynamique d’une infrastructure par rapport à des aléas et des contraintes. Aujourd’hui, les transporteurs du middle-mile optimisent sur une maille annuelle en dimensionnant l’ensemble des lignes et des agences par rapport à des flux prévisibles sur la prochaine année. La technologie de DCbrain permet d’adapter cette infrastructure transport par rapport à des prédictions de flux beaucoup plus précises. L’un des gains de cet outil est la baisse de l’impact environnemental avec moins de camions sur les routes mais également une réduction des coûts.

Le taux de remplissage des camions en Europe est aujourd'hui de 65%, ce qui signifie qu'un tiers des camions circulent globalement à vide. On pourrait transporter le même nombre de marchandises avec un tiers de camions en moins.

Benjamin de Buttet, Chief Operating Officer de DCbrain

Il est également possible d’optimiser l’infrastructure interne, notamment en termes de planification et de préparation des colis, par rapport aux flux.

La solution de JLL permet de repenser son réseau grâce à des technologies où il est possible de déplacer des éléments essentiels pour recalculer en temps réel les coûts, le niveau de service et l’empreinte carbone. Cela permet de cibler une zone de recherche afin de simuler et matérialiser différents scénarios d’optimisation. Pour trouver la bonne localisation d’un bien immobilier, la technologie analyse, dans cette zone de recherche, les bâtiments existants et les projets à venir. Elle va ensuite combiner des données macroéconomiques avec les caractéristiques et une visite virtuelle de chaque site afin de les comparer.

Cela permet de faire un choix éclairé en fonction des éléments recherchés (gabarit ou zone spécifique, embouteillages peu fréquents, transports en commun accessibles...). Auparavant réalisés grâce à Excel, ces services de conseil sont aujourd'hui effectués en 2h grâce aux nouvelles technologies.

Patrick Remords, Head of Supply Chain Consulting de JLL France

Dans la même optique d’optimisation d’un parc immobilier, la société e-Valley, premier parc e-logistique intelligent d’Europe, s’associe à Kardinal pour permettre à ses clients de dimensionner et d’organiser au plus juste leurs opérations au départ des entrepôts. A partir d’historiques de commandes ou de flux, les algorithmes vont être capables de dimensionner des secteurs de livraison qui pourront être utilisés par les opérationnels réalisant ces livraisons dans l’entrepôt.

Les emplois de la Supply Chain transformés par les nouvelles technologies

De nombreuses entreprises de la Supply Chain sont à la recherche de profils métiers complétement différents pour gérer les projets basés sur de nouvelles technologies. JLL a notamment créé une équipe de développement dédiée : des collaborateurs développent les solutions, d’autres traitent la data et enfin certains gèrent la qualité de cette data.

Chez ABBYY, nous essayons de rendre au maximum ces technologies accessibles à des non-techniciens. L'objectif est de réduire la cloison entre l'équipe IT et l'équipe métier, notamment grâce au recrutement de Data Scientists et de Data Analysts qui peuvent faire le pont entre les deux

Linda Ameur, Directrice Commerciale France d’ABBYY

Pour transformer la Supply Chain de manière durable, il est nécessaire de faire passer progressivement les équipes d’un rôle opérationnel (plutôt empirique et très souvent manuel) à un statut d’analyste opérationnel. Leur travail comprend ainsi une dimension analytique alimentée par l’apport de données et de recommandations avec lesquelles les équipes sont capables d’interagir. Certaines entreprises choisissent de développer une culture “data-driven” : la prise de décision doit être faite sur des données et pas seulement sur l’expérience métier. Les décisions sont ainsi prises plus rapidement et la communication est beaucoup plus fluide dans l’organisation.

Il est également important d’accompagner les équipes dans le changement de leur rôle induit par les nouvelles technologies afin d’éviter incompréhension ou rejet.

Il est crucial que ces technologies soient utilisées directement par les opérationnels terrain qui doivent être intégrés dès le début du déploiement de ces solutions.

Benjamin de Buttet, Chief Operating Officer de DCbrain

Le futur des nouvelles technologies en Supply Chain

De nombreux acteurs de la Supply Chain sont des entreprises qui se sont créées et ont grandi par consolidation, par l’achat d’entreprises et par l’investissement. Ce mouvement va très probablement s’accélérer et les champions de demain seront les groupes qui auront réussi à investir dans ces nouvelles technologies. Dans un marché où les marges sont très serrées, une entreprise qui a intégré une technologie lui permettant de les augmenter, même légèrement, va réussir à développer un vrai avantage concurrentiel.

L’enjeu environnemental prend de plus en plus d’ampleur dans les mœurs sociétales et va être un véritable accélérateur du développement des nouvelles technologies.

L'apport des technologies d'optimisation est aujourd'hui économiquement souhaitable mais il sera demain environnementalement impératif. Cet impératif ne sera pas seulement éthique et moral, il va être renforcé par la réglementation. Demain, parcourir des kilomètres inutiles pourra devenir une faute. Cela va pousser très fortement l'intégration de ces technologies dans les entreprises.

Cédric Hervet, co-fondateur et Chief Product Officer de Kardinal

Les nouvelles attentes clients sont de plus en plus exigeantes et cela devient très difficile pour les logisticiens de les satisfaire. La structure d’organisation très manuelle et empirique des acteurs de la Supply Chain se heurte à un plafond de verre, sa productivité n’étant pas suffisante pour passer au-delà d’un certain niveau, notamment atteint par Amazon et sa logistique ultra-optimisée.

A propos des intervenants

 

ABBYY est un éditeur de solutions de Digital Intelligence présent dans 14 pays. La société aide ses clients à digitaliser leurs processus, automatiser le traitement de certaines tâches à faible valeur ajoutée ainsi que leur permettre d’exploiter la donnée pour pouvoir analyser et optimiser leurs processus.

Site web : https://www.abbyy.com/fr/

DCbrain édite une plateforme SaaS d’optimisation de flux (middle-mile ou dans les entrepôts) à destination des transporteurs et des prestataires logistiques. La société développe des jumeaux numériques sur lesquels sont greffés des modules d’optimisation basés sur l’Intelligence Artificielle.

Site web : https://dcbrain.com/

JLL est l’un des leaders mondiaux du conseil en immobilier d’entreprises et développe des services liés à cette activité, notamment dédiés à la Supply Chain industrielle et logistique. JLL accompagne ses clients dans la définition de leur stratégie sur les points d’ancrage forts de leurs réseaux ainsi que l’implémentation des solutions définies.

Site web : https://www.jll.fr/

Kardinal édite une solution SaaS d’optimisation des opérations de transport et de la logistique, principalement du dernier kilomètre, en continu et en temps réel. La solution Kardinal est en mesure de traiter les problématiques d’optimisation de tournées très opérationnelles du quotidien mais également de remonter la chaîne logistique vers une optimisation plus tactique avec le dimensionnement de réseaux.

Retrouvez le replay de la table ronde Supply Chain Village « Les nouvelles technos au service de la Supply Chain »

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