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Optimisation de tournées : entre illusion et réalité terrain

Optimisation de tournées : entre illusion et réalité terrain

L’optimisation de tournées est présentée partout comme la solution miracle capable de réduire les coûts, améliorer la qualité de service et alléger la charge de travail des équipes. À grands coups de chiffres impressionnants et de promesses séduisantes, les éditeurs vantent une révolution logistique où tout devient plus simple, plus rapide, et surtout plus rentable. Pourtant, dans la pratique, la réalité du terrain est souvent bien plus complexe. Derrière ces discours enthousiasmants se cachent des défis majeurs : données incomplètes, contraintes métier difficiles à formaliser, imprévus du quotidien… Autant d’obstacles qui peuvent transformer un projet d’optimisation en source de frustration, voire en échec.

Cet article explore ce décalage entre mythe et réalité, en partageant les enseignements tirés de projets réels, des échecs formateurs aux succès exemplaires. L’objectif ? Mieux comprendre ce qu’est réellement l’optimisation de tournées, pour mieux réussir la vôtre.

Optimisation de tournées : mythe versus réalité du terrain

Les promesses de l’optimisation de tournées

Quand on parle d’optimisation de tournées, les discours commerciaux sont rarement nuancés. D’un éditeur à l’autre, les promesses sont toujours les mêmes, et elles font rêver :

  • 20 à 30 % de réduction des coûts OPEX
  • Une meilleure qualité de service, avec un NPS en forte hausse
  • Un gain de temps considérable sur la planification, qui devient quasi automatique
  • Une réduction drastique de l’empreinte carbone, grâce à des kilomètres en moins et des flottes mieux utilisées

Autrement dit : une solution miracle qui permettrait de tout faire mieux, plus vite, pour moins cher… en un clic.

Ces promesses sont si alléchantes qu’on en vient à se demander pourquoi toutes les entreprises n’ont pas déjà franchi le pas. Et pourtant, malgré leur potentiel réel, ces projets restent encore rares ou déceptifs à grande échelle.

L’optimisation de tournées en pratique

Une fois passées les promesses séduisantes, la mise en œuvre de l’optimisation de tournées se confronte à la réalité du terrain. Et celle-ci est souvent bien plus complexe qu’annoncé. Voici quelques-uns des obstacles majeurs rencontrés dans les projets :

1. Des données de mauvaise qualité

L’optimisation repose entièrement sur la qualité des données fournies. Or, dans bien des cas :

  • les adresses sont mal saisies,
  • les volumes ou poids sont incorrects,
  • ou certaines informations cruciales sont tout simplement absentes.

Résultat : une tournée optimisée sur des données erronées n’a aucune chance d’être fiable. Le célèbre adage “garbage in, garbage out” prend ici tout son sens.

2. Des contraintes connues uniquement des opérationnels

Certaines règles logistiques n’existent que dans la tête des responsables d’exploitation. Ce sont des habitudes, des ajustements issus de l’expérience : “Officiellement, ce client est livrable entre 12h et 14h, mais en réalité il est toujours là dès 11h…”

Ces informations, pourtant essentielles, ne sont pas modélisées dans les systèmes, rendant les plans générés incomplets ou irréalistes aux yeux des équipes terrain.

3. De nombreux aléas en temps réel

Le monde réel ne suit jamais le scénario prévu. Chaque jour apporte son lot d’imprévus :

  • un chauffeur absent au dernier moment,
  • un client qui change son créneau ou son adresse,
  • un colis qui pèse 300 kg au lieu de 30…

L’optimisation « figée » devient vite obsolète si aucun mécanisme de réajustement en temps réel n’est prévu.

Illustration optimisation de tournées de livraison

4. Des contraintes métier très spécifiques

Chaque secteur (collecte de déchets, livraison de colis, maintenance, etc.) a ses propres objectifs, rythmes et contraintes :

  • Un chauffeur livre 120 colis par jour ?
  • Ou collecte seulement 4 bennes ?
  • Dans l’un ou l’autre cas, les leviers d’optimisation ne sont pas du tout les mêmes.

Même entre deux entreprises du même secteur, les différences organisationnelles rendent l’approche générique inefficace. Il n’existe pas de modèle universel.

5. L’absence de prise en compte du trafic

Le trafic routier a un impact direct sur la durée des tournées et la ponctualité des livraisons. Pourtant, il est encore largement sous-estimé dans de nombreuses solutions du marché.

Un itinéraire peut paraître optimal sur le papier, mais devenir irréaliste aux heures de pointe ou en zone urbaine dense. La durée réelle d’un trajet entre deux points peut varier du simple au triple selon l’heure de la journée, et une planification sans intégration des conditions de circulation ne tient tout simplement pas la route.

💡 Pour en savoir plus, consultez notre dossier spécial sur les données en optimisation de tournées.

Tous ces éléments conduisent à une conclusion simple : l’optimisation ne fonctionne pas par défaut. Elle doit être pensée, adaptée, nourrie de données fiables et réalistes.

Sinon, elle se réduit à un simple outil de visualisation qui permet de digitaliser une logique existante… sans générer de véritable gain.

Dans les pires cas, cela se termine par un abandon du projet. Comme le dit si bien Yann de Feraudy, président de France Supply Chain (Aslog) :

« Dans le meilleur des cas le système finit par ne plus être utilisé, dans le pire cela fait des dégâts et le management décide de ne plus jamais considérer ce genre de système… »

Les projets qu’on n’oubliera jamais

Dans tout parcours d’éditeur, il y a des projets qui marquent profondément. Pas forcément pour les mêmes raisons. Certains nous rappellent à quel point un échec peut être formateur, d’autres démontrent la puissance d’un alignement parfait entre stratégie, données et exécution.

Le projet qui nous a tout appris sur l’échec

Ce projet avait tout pour plaire sur le papier : planifier à l’avance les tournées de contrôle sanitaire sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, en prenant en compte les compétences des techniciens, les types de prélèvements à effectuer et les horaires d’ouverture des sites.

Mais très vite, nous avons compris que nous n’étions pas armés pour réussir… et nos interlocuteurs non plus.

Les obstacles ? Ils étaient nombreux :

  • Des données structurantes manquantes ou inutilisables : compétences des agents, jours de passage, contraintes de site… tout était flou, obsolète ou hétérogène.
  • Un cadrage initial bien trop ambitieux : mutualiser l’ensemble des sites et des activités, dès la première version, pour espérer un ROI maximal. Une pression énorme, pour des fondations qui ne tenaient pas.
  • Un choc de culture : dans l’organisation cliente, les règles de planification n’avaient jamais été formalisées. Tout était dans la tête des planificateurs, jamais dans un fichier.
  • Un projet sans soutien clair de la direction : au premier changement de responsables, il a perdu toute dynamique. Il n’avait jamais été réellement porté au plus haut niveau.

Résultat : des mois de travail, de modélisation, de développement… pour un projet qui n’a jamais vu le jour. Un abandon douloureux, mais lucide.

Nous avons beaucoup appris. Et surtout, nous avons mis en place depuis des garde-fous solides pour éviter de revivre cette situation. Aujourd’hui, nous savons détecter les signaux d’alerte et différencier un projet mûr d’un projet opportuniste.

Le projet qui a tout débloqué

Heureusement, il y a aussi des projets qui nous rappellent pourquoi on fait ce métier.

Ce projet là, mené pour un acteur majeur de la livraison de colis, a été déployé en 2 mois chrono. Objectif : optimiser la sectorisation du territoire et le séquencement des tournées quotidiennes.

Chaque nuit, 1 500 tournées sont automatiquement générées à partir des colis du lendemain. Le matin, les chauffeurs ont tout sur leur PDA : une tournée optimisée, des horaires d’ouverture respectés, un séquencement efficace.

Les raisons du succès ? Elles sont limpides :

  • Un projet stratégique, porté par la direction dans le cadre d’une transformation à grande échelle.
  • Des équipes clientes ultra préparées, qui avaient anticipé les impacts, formé les opérationnels, et surtout fait le ménage dans leurs données.
  • Une gouvernance claire, avec une communication interne maîtrisée et des partenaires techniques parfaitement alignés.

Nous n’avons eu qu’à faire notre travail : bien déployer la technologie. Et quand tout le reste est prêt, ça va très vite.

Solution d'optimisation de tournées en continu

En résumé

L’optimisation de tournées n’est ni une baguette magique ni une simple case à cocher dans un projet digital. C’est un vrai métier, un savant équilibre entre technologie, qualité des données, compréhension fine des contraintes métier et adaptation continue au terrain.

Les promesses alléchantes sont réelles… mais elles ne se réalisent qu’à condition d’investir en amont, d’impliquer les bonnes parties prenantes, et de bâtir une démarche progressive, pragmatique et agile. Les succès viennent de cette capacité à conjuguer expertise, préparation et flexibilité.

En somme, pour transformer le mythe en réalité, il faut voir l’optimisation de tournées comme un partenariat dynamique, où la technologie s’intègre à une organisation prête à évoluer. C’est seulement à ce prix que les bénéfices tant attendus pourront se concrétiser — pour des opérations plus performantes, plus responsables, et plus humaines.

Les 5 ingrédients d’un projet réussi :

  • Des données propres, à jour, standardisées
  • Un engagement clair de la direction
  • Une formalisation explicite des règles métier
  • Des utilisateurs formés et impliqués
  • Un déploiement progressif avec réajustements

💡Vous souhaitez en savoir plus sur notre solution d’optimisation de tournées ?

Contactez-nous pour une démonstration et découvrez comment Kardinal peut vous accompagner dans la transformation de votre organisation.

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